En période pré-électorale, les journalistes prennent parti, un par un, pour l'un ou l'autre des candidats. Certains y vont à coups d'arguments, en essayant de démontrer rationnellement la justesse de leurs choix. D'autres alignent les banalités, sans le début de commencement d'une réflexion qui pourrait justifier, par des faits, ce qui est avancé. Ivan est de ceux-là.
Croisé de la Nation française, véritable chantre de l'esprit et des moeurs du pays des Lumières, Ivan Rioufol continue à défendre la France à corps et à cri. Contre qui ? Contre l'Islam. Pour changer.
« Faudra-t-il, demain, accepter la polygamie, le mariage forcé, la répudiation, au nom de la non-discrimination des identités ? Dans la pratique, cela commence. »
Les vieux démons reviennent. Déjà, en 2005, lors des émeutes des banlieues, la polygamie a été dénoncée pour expliquer, au moins en partie, les actes de violence. Peu ont fait cas de cette grande absurdité proférée par un député de la République et un Ministre d'Etat. A l'époque, personne n'a vraiment cherché à appuyer ces propos, pourtant surprenants. Ivan, fidèle à une tradition bien ancrée à droite, dénonce donc sans jamais justifier. On appelle cela un discours performatif : il crée de toute pièce la réalité qu'il invoque. En d'autres termes, à force de l'écrire partout, les gens vont bien finir par le croire.
Nous nous contentons ici de réagir à ce que nous lisons, en citoyens se voulant éclairés. Comme Ivan Rioufol, nous sommes passés par l'école de la République. Comme lui, nous avons étudié les Lumières, nous avons appris la philosophie et la construction d'une argumentation. Le but de toute philosophie consiste à comprendre le monde qui nous entoure. Faire tomber les préjugés et les pensées stéréotypées pour comprendre et bâtir son jugement à partir de la réalité. Là est le véritable esprit des Lumières.
Contrairement à Ivan Rioufiol, nous ne sommes pas payés pour enquêter et vérifier, pour faire un véritable travail de journaliste afin de proposer une information honnête au reste de la population. Contrairement à lui, nous nous garderons bien d'avancer des idées non-vérifiées par l'épreuve des faits. Citer une Académicienne ne suffit pas. Certes les cultures changent, par les contacts qu'elles entretiennent entre elles, mais changement ne veut pas dire délitement. Le processus de syncrétisme intervient dans chaque contact, et il reste un concept essentiel pour penser la mondialisation aujourd'hui. Un autre enjeu serait de savoir si ces variations sont dues à une culture musulmane supposée agressive ou à un capitalisme anglo-saxon porteur de valeurs et de styles de vie, et dont le marketing et le lobbying sont tout autant agressifs sinon plus (Cf la politique états-unienne en matière de cinéma, par exemple). La réalité est donc loin d'être aussi simple que ce qu'Ivan voudrait bien nous faire croire. D'un journalisme partisan et simpliste ne peut émerger que des idées tronquées et faussées. Tout à fait l'esprit de des Lumières.
*Billet écrit à partir de La République des faux durs.